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Hybridation

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Action de combiner deux matières, deux formes, deux mots, deux images, deux espèces animales, deux végétaux…
Les réunir sans avoir bien déterminé leur arrangement nourrissant notre imaginaire… et puis voir, naitre de ce procédé créatif, à notre plus grand étonnement, une matière, une forme, un mot, un animal, une plante… unique et hybride.
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I

EXPOSITION

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Identités Hybrides

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Avec  JEAN ISNARD – JEAN-MARIE LAVALLÉE – THIERRY LO SHUNG LINE –

DANA MUSA - EIZO SAKATA – LANAH SHAÏ – JOSÉ MAN LIUS

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au 100ECS

100, rue de Charenton
PARIS 12e

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L'Hermadrogyne

Teaser Vidéo de l'Hermadrogyne" présenté dans le cadre d'Identités Hybrides.

« En d’autres temps, il y avait trois genres, chez les hommes, et non pas deux comme aujourd'hui, le masculin et le féminin; un troisième était composé des deux autres: le nom en a subsisté, mais la chose a disparu : alors le réel androgyne, espèce et nom, réunissait en un seul être le principe mâle et le principe femelle; il n'en est plus ainsi, et le nom seul est demeuré, comme une injure. » (1)


Dans nombre de civilisations apparaît, avant la distinction entre l’homme et la femme, la figure de l’androgyne. Un être hybride qui possède de façon indifférenciée les caractéristiques de l’un et de l’autre sexe.
“On la retrouve chez presque tous les peuples: les Iraniens (avec Gayomart), les Indiens (avec Purusha), les Hébreux eux-mêmes car, d’après certaines traditions rabbiniques, Adam était lui aussi une créature androgyne[…], il était homme du côté droit et femme du côté gauche mais Dieu l’a fendu en deux moitiés.” (2)  
Avant d’être homme ou femme, nous aurions eu les caractéristiques de ces deux sexes mélangés, métaphore de l’embryon dans ses premiers mois de développement, ou des premières cellules qui se multipliaient par division avant de devenir des êtres plus complexes, comme les humains.


Marie Delcourt (3) montre bien que le mythe de l'androgyne trouve son aboutissement dans le mythe de l'oiseau phénix : il n'a pas de géniteur et s'engendre lui-même. L’auto-détermination est au centre du combat des personnes Trans et intersexes dans nos sociétés modernes, qui sont farouchement binaires. Tout est fait pour que les corps soient normalisés et rentrent dans des critères « masculin/féminin » stéréotypés.
Le diktat pour faire correspondre sexe biologique, identité de genre, représentation sociale n’est pas nouveau. L’église Romaine et Catholique décréta au IVème siècle que seule la sexualité reproductive était légale. Au moyen âge, les personnes qui naissaient avec des anomalies génitales, comme l’hermaphrodisme, devaient choisir un sexe et s’y tenir leur vie durant sous peine de mort. Aujourd’hui c’est le monde médical, psychiatrique et l’état qui a prit le relais.


Les médecins veulent faire correspondre les individus à la classification « mâle/femelle » de la biologie. Les psychiatres inventent une pathologie « le transexualisme », aussi appelé syndrome de Benjamin (4). Les personnes intersexes sont mutilées à la naissance sans leur accord. Les Trans sont psychiatrisé.es et la castration était obligatoire il n’y a pas si longtemps. Il faudra attendre les travaux de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et les accords de Yogyakarta (5) pour faire prendre conscience que les variations sur l’identité de genre ont toujours existé et que cela n’est pas une maladie mentale.


Si en d’autres temps ou d’autres lieux, l’androgynie ou l’hermaphrodisme étaient perçus positivement, il faut bien constater qu’aujourd’hui cette hybridation est considérée comme une anomalie qu’il faut corriger. Ce n’est pas tant l’existence d’une minorité qui pose problème en soi, mais bien le regard et les débats que cela suscite qui sont symptomatiques d’une société malade de ses représentations sur le genre. Cela vient se superposer aux luttes féministes, aux avancées en bio-technologie, en génétique et dans l’irruption du transhumanisme qui prône l’humain 2.0. La bio-éthique doit se prononcer constamment face aux avancées croissantes de la science (clonage, greffes, prothèses, nano-technologie…) et  l’humain hybride n’est déjà plus une fiction.
La remise en question des normes de genre touche au fondement même des rapports sociaux et des relations de dominations instaurées par un environnement culturel et historique patriarcal. Le corps devient, au-delà de l’enjeu personnel, un terrain de revendication et un champ de bataille.  


  « Nos corps trans sont un acte de dissidence du système sexe-genre. Un acte politique contre les normes identitaires, la puissance du pouvoir patriarcal et du capitalisme. » (6).


Cette œuvre multimédia parle de cette fabrique du genre, basée uniquement sur les organes reproducteurs et des enjeux de pouvoir, de possession et de maîtrise des individus, de la famille, des ventres des femmes et de leur progéniture. Dès la naissance, nous sommes destiné.es à remplir une fonction sociale et politique qui est conditionnée uniquement par nos organes sexuels, d’où cette volonté de normalisation des corps hybrides qui échappent à l’ordre établi. Au même titre que le métissage a remit en question la notion de race et la domination de l’homme blanc. L’hybridation du genre ébranle les convictions d’une société patriarcale basée sur le contrôle de l’acte reproductif et la domination masculine.


(1) Aristophane « le banquet de Platon ».
(2) Jacques Lacarrière, « Au coeur des mythologies » ed. Gallimard
(3) Hermaphrodite, mythes et rites de la bisexualité Revue de l'histoire des religions, tome 160, n°1, 1961.
(4) Harry Benjamin, né le 12 janvier 1885 et mort le 24 août 1986, est un endocrinologue et sexologue américain d'origine allemande qui est connu pour ses travaux sur le transsexualisme. Il établit la nosographie du syndrome de Benjamin dans les années 19501.
(5) Août 2010 - Convention sur le droit international des droits de l'homme sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre.
(6) Paul.B. Preciado (Libération - 19 mars 2019)




 

Selfie

Selfie est un témoignage photographique et métaphorique.

Témoignage d'un combat, pour mettre en adéquation un corps avec son identité profonde. Ces photographies ont été prises après des interventions chirurgicales ou dermatologiques.

Métaphore d'une lutte incessante contre les institutions, les idées reçues, l'ignorance et les blessures intimes.

Ici, le Selfie est détourné de son utilisation "ego-trip" propre aux réseaux sociaux pour se transformer en témoignage revendicatif d'un objet sociologique et politique qu'est l'identité transgenre.



 

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